Osez rêver en couleurs

J’entends souvent dire qu’il faut oser lâcher prise, que je devrais agir sans forcer les choses. J’entends aussi dire :

 »Ce qui doit se produire, se produira;  sinon, ce n’était pas le bon moment. »

Ce n’est pas entièrement faux et ce n’est pas vrai non plus. Ces expressions sont pour la plupart incomplètes. Elles encouragent une logique tendancieuse, voire fataliste. Comme si au gré des circonstances, notre libre-arbitre était astreint par des forces invisibles et sous une autorité plus grande que notre habilité à penser, choisir, décider et agir, voire plus grande que notre pouvoir d’intention.

Par exemple,  l’automne dernier j’ai semé des vivaces, je souhaitais voir pousser un bosquet de fleurs à couper. Je visualisais un magnifique bouquet de fleurs fraîchement coupées sur la table de la cuisine avec ses couleurs éclatantes de joie. Au printemps, quelques tiges se sont frayées un chemin, pas de bosquet, quelques fleurs magnifiques cet été et j’ai bien failli être désenchantée.

Je pourrais penser que le jardinage est un mauvais Karma dans ma vie, je pourrais décider que c’est un échec, une défaite voire une déception, un message de Dieu ou de l’Univers. J’aurais pu abandonner mon projet sur le champ et croire que les fleurs coupées n’étaient pas une possibilité viable dans mon jardin. Bref, je pourrais choisir de me laisser tomber en laissant tomber mon désir pour éviter un petit inconfort passager.

En me faisant croire toutes sortes de chinoiseries, je pourrais justifier une croyance néfaste envers moi-même et la laisser s’enraciner dans mes pensées. Je pourrais me censurer, me punir, me retirer le droit de rêver ou de réaliser un rêve, tout simplement parce que ça ne s’est ni produit comme je le souhaitais, ni au moment que je jugeais opportun. J’aurais choisi la crise de bassinet esotérico-spirituelle.  (Ne cherchez pas je viens d’inventer ce mot)

Osez agir.

J’en ai décidé autrement. J’ai pensé que l’hiver avait été rude.  Je suis retournée acheter des semences et cette fois-ci, je les ai plantées plus profondes, en plus grandes quantités et surtout plus tôt dans la saison. En résumé,  j’ai osé lâcher prise sur le bosquet de fleurs pour cette année. J’ai agi en préparant le printemps prochain. Je me suis offert la possibilité de bâtir un rêve. J’ai acheté des fleurs coupées pour me satisfaire.

‘’Si vous allez au bout de vos rêves, ils se réaliseront.’’ Tiré du film Le Champ des rêves, 1989.

Aller au bout des choses signifie se dépasser. C’est à la fois croire que chacun de nos rêves se réalisera et c’est accepter que ça ne se produira peut-être pas du premier coup. Il est plus facile penser un objectif que de s’y rendre réellement. Il est plus réconfortant de croire qu’en choisissant un itinéraire nous avons déjà presque parcouru le chemin. Il est d’autant plus rassurant de décider de la chronologie du voyage  avant même de l’entreprendre. Finalement dans notre monde hyperactif jetable où les secondes sont devenues des éternités, il est convenu d’être surpris lorsque nos quelques actions incohérentes ne nous mènent pas à destination ipse facto, c’est-à-dire au succès instantané.

Voici pourquoi nous devons oser rêver.

Lorsque j’ai l’intention de réaliser un rêve, des changements de perception s’opèrent en moi. Mes repères habituels se transforment, je m’adapte à une nouvelle vision du monde et je pratique ce changement au quotidien. La pratique de ce changement devient une discipline, cette discipline génère de nouvelles habitudes, ces nouvelles habitudes produisent une répétition qui exerce un synchronisme entre mon intention et ce que je fais. Je me syntonise à un rêve.

À la longue, mes actions et mon intention se connectent par habitude sans doute ni ambivalence. Il n’y a pas de génie là-dessous, le focus est un muscle qui a besoin d’entraînement. La réalisation de chacun de nos rêves nécessite du focus, de la visualisation, une bonne dose de préparation-pratique et beaucoup de constance en agissant. J’ai entendu Denis Waitley expliquer que nos actions manifestent les miracles,  qu’elles les actualisent dans la réalité. J’en ai déduit que nous ne sommes pas à la solde d’une toute puissance invisible qui nous octroie de temps à autre nos désirs et nos envies. Nous sommes Co-créateurs de notre monde à tous les égards.

Changer notre monde, c’est pas plus simple que ça !